Notre hôpital en danger : bilan du 29 octobre

Coordination nationale des hôpitaux

 Débat constructif sur l’hôpital

Le comité de soutien avait invité pour cette réunion un cadre de santé de la Coordination nationale, M. Jean-Luc Landas, médecin anesthésiste au CHU de Nantes, retraité, afin d’expliquer les retombées de la loi Touraine (continuité de la loi Bachelot) sur les usagers des hôpitaux publics de proximité.

A la suite de ce débat, il conclut à la nécessité de revendiquer :

le maintien d’un service de chirurgie avec hospitalisation classique et chirurgie ambulatoire;

la coopération avec les autres services du département tant sur le plan chirurgical qu’anesthésiologique, c’est-à-dire le refus de la transformation en hôpital de jour avec la seule chirurgie ambulatoire;

le refus de la disparition de l’activité chirurgicale 24/24 permettant la prise en charge des urgences;

le maintien d’un service d’urgences 24/24 et du SMUR 24/24.

La T2A (tarification à l’activité)

La mauvaise ambiance qui règne dans l’hôpital du Sud-Nivernais-Morvan, suite à la loi Touraine, a provoqué une chute vertigineuse de l’activité de cet hôpital. On annonce une perte de 4000 € par jour du fait de la T2A (tarification à l’activité), alors qu’avant les hôpitaux fonctionnaient avec des budgets attribués.

La mise en place de la T2A et de toutes les lois successives ne sont qu’une recherche de baisse de coûts; les éléments pris en compte sont les moyens hospitaliers, en aucun cas les besoins de santé et de proximité de la population.

 Pour la préparation de la réunion,
le comité de soutien avait édité un 4-pages

Comité de soutien Hôpital de Decize                         Hôpital, USD et UL Sud-Nivernais

NOTRE HÔPITAL EN DANGER

Souvenez vous, la remise en cause de notre hôpital de proximité ne date pas d’hier.

Les attaques en 1998 contre le service de chirurgie ont poussé à la création du comité de soutien de l’hôpital de Decize; à cette époque le personnel était nombreux dans ce comité (le personnel ne devrait-il pas être plus présent au sein du comité actuellement?).

Le travail en commun (usagers, personnel, syndicats, comité) a fait reculer les orientations gouvernementales de l’époque.

Cela a obligé le conseil d’administration à maintenir l’activité des services pendant plusieurs années, car à cette époque c’est celui-ci qui avait pouvoir de décision.

Aujourd’hui, par le conseil de surveillance, c’est le directeur qui a les pleins pouvoirs, appliquant les ordres du ministère relayés par l’ARS.

C’est une volonté politique, avec l’attaque des services les uns après les autres:

par exemple, l’excellent service sur l’alcoologie avec un projet de développement, acté par toutes les instances, pour le suivi en convalescence des patients a été abandonné, soi-disant pour aspect financier, ce qui a contribué au départ du responsable de ce service;

le service maternité, du fait des agissements sur l’activité des praticiens ainsi que sur le recrutement nécessaire, a décliné jusqu’à l’arrêt des accouchements, pour en arriver à justifier sa suspension, sans être pour autant à ce jour supprimé.

Dans le même temps l’aspect financier prend le dessus, avec ce qu’ils appellent l’équilibre financier, en parfaite complicité avec les hommes politiques qui, localement par les prises de parole et dans la presse défendent soi-disant l’hôpital, mais qui par leurs votes dans les instances entérinent la politique de casse des hôpitaux publics de proximité, favorisent le transfert au privé, hier clinique du « Val de Loire », et aujourd’hui Moulins/Yzeure clinique « Saint-Odilon » pour ortho, vasculaire, urologie, anesthésiologie. Et pourquoi pas les deux cliniques à la place du public comme à Cosne/Loire, et dans quel cadre : privé ou public?

Pour mieux faire passer les réformes, le plus souvent les grandes déclarations dans la presse (visuelle, écrite et parlée) sont orchestrées sans révéler objectivement ce qui ce passe, en déformant la réalité sous prétexte de confidentialité.

La santé n’échappe pas à la transformation de la société en direction de la finance, du tout-privé, du moment qu’il y a le moindre profit.

Notre santé n’est pas un business

Pendant des années, les détenteurs des pouvoirs de décisions, dont certains se sont fait le relais du ministère par leurs prises de position et leurs votes, ont fait porter la responsabilité de cette casse sur les directeurs successifs, en les changeant régulièrement. Pour quel résultat à ce jour ?

Maintenant, la prétendue faute, c’est la pénurie de praticiens (voulue en diminuant le recrutement dans le but d’économies pour la Sécurité sociale), voire la qualité professionnelle de ceux exerçant dans notre hôpital. Certains font même porter cette responsabilité à la CGT! Depuis plusieurs mois, la polémique et un climat malsain s’installent et se développent au sein de notre hôpital allant jusqu’à rendre responsable le personnel.

Arrêtons ces méthodes.

Là encore, nous clamons haut et fort : c’est la même politique des différents gouvernements mise en place par les lois successives qui en est la cause.

Ces lois, votées à l’époque par les majorités en place, sont amplifiées par le gouvernement actuel et par nos représentants territoriaux à double face.

La réalité, c’est que tout et tous contribuent à réduire les services, y compris la chirurgie de notre hôpital public sud-nivernais en bien mauvais état financier.

La Loi Bachelot prévoyait la mise en œuvre non obligatoire de CHT (Communauté hospitalière de territoire).

La Loi Touraine, actuellement en débat au Parlement, prévoit, dans le but de réduction des dépenses d’assurance-maladie, de rendre obligatoires les regroupements hospitaliers de territoire (RHT), c’est-à-dire un seul hôpital par département, transformant à terme les hôpitaux publics de proximité en EHPAD (Etablissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes).

L’ARS (Agence régionale de santé), représentante du ministère de la Santé sur le territoire, a la volonté d’anticiper cette loi et veut faire de la Nièvre un des départements pilotes avec mise en place dans un premier temps d’une CHT avec un seul directeur.

A cet effet, Madame la ministre a inscrit nos urgences (les meilleures de Bourgogne) dans une liste de fermeture de 31 services en France, même si l’on nous dit (vous l’avez lu dans la presse : 10 000 actes, déclaration Hollande 30 mn) que ce n’est pas possible. Mais c’est toujours le ministre qui aura raison.

Le va-et-vient des personnels entre les hôpitaux dégrade les conditions de travail des salariés et leur sécurité, et la circulation a un impact non négligeable sur notre environnement.

17 ans de résistance

Depuis dix-sept ans, voire plus, en fonction de notre réaction dans l’unité, nous avons pu conserver une activité chirurgie à l’hôpital de Decize.

Tout dépendra  de NOTRE réaction par NOS actions communes afin de conserver les activités (chirurgie, stérilisation, laboratoire, maternité, médecine, etc.) sur Decize tout en renforçant la qualité de tous les services de cet établissement, ainsi que la mise en place des nouvelles technologies qui permettent l’amélioration des diagnostics, la qualité des interventions, le confort des malades, dont nous sommes en droit d’exiger le tout, et d’obtenir les moyens  financiers nécessaires aux besoins de l’établissement.

Les propos de coopération des instances représentatives et des hommes politiques ne sont pas les mêmes que les nôtres; par exemple, pour eux l’ensemble du personnel ne serait plus attaché à un établissement mais disponible en fonction des besoins des autres établissements, un seul labo pour tout le département en le partageant avec le privé, une seule stérilisation faisant multiplier les matériels et les risques microbiens.

Pour eux ils rajoutent dans la coopération les tâches diverses telles que blanchisserie, restauration, voire même l’administratif, déjà les personnels techniques, logistiques et biomédical de Nevers s’apprêtent à intervenir sur Decize.

Pour nous, la coopération est le résultat de convention entre les établissements publics (Nevers, voire Moulins ou Dijon, etc.) dans la partie médicale de l’hôpital, ce qui permet le maintien de tous les services médicaux (mater, chir, sté, labo, médecine, etc) dans Notre hôpital public et le respect de la promesse « Hollande » pour les 30mn d’accès aux urgences.

Les besoins des usagers du bassin Sud-Nivernais (30 000)
  • La chirurgie dans l’urgence;
  • la chirurgie ambulatoire ou autre programmée;
  • la maternité (avec suivi et accouchements sur le site, chirurgie obstétrique,  gynécologie);
  • le maintien de la stérilisation et du laboratoire sur place;
  • la médecine générale;
  • consultations spécialisées diverses;
  • un véritable service alcoologie avec convalescence et suivi des patients;
  • et les services indispensables au bon fonctionnement de l’établissement.

La coopération, que nous prônons depuis des années, c’est :

des services (notamment de chirurgie, maternité) à Decize, Nevers ou ailleurs avec des praticiens de qualité qui interviennent quelques jours par semaine en fonction des programmations des différents établissements, voire dans l’urgence pour certaine pathologie;

du personnel en nombre suffisant afin de répondre aux besoins de qualité de l’ensemble des services rendus aux usagers et des conditions de travail de ce même personnel.

Prenons en main notre avenir

Exigeons un hôpital public de proximité comme le nôtre par le passé, répondant aux besoins de tous les usagers du Sud-Nivernais avec le maintien et l’amélioration de tous les services (urgences, chirurgie de qualité avec stérilisation et laboratoire, maternité, médecine, etc.).

L’ensemble des services, médicaux et autres (blanchisserie, restauration, etc.) dont l’usager de notre hôpital public a besoin doit subsister et s’améliorer.

Ne rentrons pas dans les discours de la dette publique prônée à longueur de journée, mais posons-nous les questions :

où va l’argent de notre travail, de nos impôts et de nos cotisations sociales ?

Bon nombre d’entreprises sont en partie exonérées, pour quel résultat ?

Nos impôts servent de moins en moins au service public et de plus en plus au monde de la finance.

Le salaire moyen est de 26 160€/an, 3 millions de chômeurs retrouvant un travail créent 78,5 milliards d’euros, alors que les entreprises françaises ont distribué 115,5 milliards d’euros à leurs actionnaires: voilà où est l’argent.

Résultat pour 3 millions de chômeurs retrouvant du travail :
13,5 milliards de plus à la Sécurité sociale maladie;
15,25 milliards de plus à la Sécurité sociale retraite;
6,4 milliards de plus à la caisse de chômage;
soit un total de 35 milliards en plus dans les caisses sociales.

N’est-il pas préférable de payer et d’occuper du personnel de qualité correctement rémunéré plutôt que des chômeurs ?

1% d’augmentation de salaire, c’est 2,5 milliards de plus pour la Sécurité sociale; on nous dit qu’il faut trouver 3 milliards pour la Sécurité sociale pour 2016, donc augmentons les salaires de 1,2% ou  embauchons des chômeurs.

Nos praticiens et personnels n’ont-ils pas droit à un salaire et une activité corrects leur permettant de vivre et de s’épanouir ?

Toutes les études confirment que la qualité au travail a des conséquences sur la santé; alors définissons les conditions de chaque poste de travail avec son salaire pour répondre aux besoins du salarié et au bien-être du patient.

A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, alors que la France était appauvrie, nous avons su créer NOTRE Sécurité sociale et NOS services publics gérés par les citoyens et pour le bien de ceux-ci.

Depuis des décennies, notre Sécurité sociale (avec le transfert sur les mutuelles et assurances) et nos services publics sont en partie remis à la finance et le citoyen se voit dépourvu de gestion sur tout cela au bénéfice du monde financier et politique; ce qui nous conduit : à la pauvreté, à la précarité, au chômage, au travail au besoin, à l’explosion de la dette publique, une santé à plusieurs vitesses, etc.

Dans le même temps, certains empochent des centaines de milliers d’euros, voire des millions par an, tout cela au nom de la soi-disant compétitivité, sans compter la redistribution aux actionnaires de 115,5 milliards en 2014 (+30% en un an).

En conclusion :

NOTRE système de santé doit-il être rentable
ou répondre aux besoins des citoyens ?
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